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Griffes scripturaires

Griffes Scripturaires


Argos assassiné

Publié le 17 Août 2022, 11:03am

Nous y voilà. Parmi nous tous, toi qui étais le meilleur, tu nous as laissés orphelins. Que nous importe, désormais, de rapporter la toison d’or au royaume des vivants ? Les enfants d’Argonath sont seuls et Argos, toi l’architecte, tu es mort en pays d’exil.

Tu m’avais parlé de La Méprise. Je ne l’ai pas lue de ton vivant. Je l’ai lue de ta mort. Je ne l’ai comprise que trop tard.

« Je me rendis compte bientôt que nulle force humaine en ce monde ne pourrait maintenant ébranler la décision qu’il avait prise de se supprimer ; moi-même, je ne pouvais rien faire, moi qui avais eu sur lui une influence si salutaire. Les minutes que je vécus ne furent rien moins qu’agréables. Me mettant à sa place, je pouvais fort bien imaginer la torture raffinée que sa mémoire lui faisait endurer ; et j’apercevais, hélas, que pour lui la seule issue était la mort. Dieu fasse que nul ne passe par une telle épreuve… voir son frère périr et n’avoir pas le droit moral de contrecarrer son destin. »

Tu l’avais, pourtant, ton œuvre à produire : ce concerto pour piano qui eût pu exprimer l’indicible. Je suis tombé sur les monades urbaines de Silverberg. J’ai lu ce concert. C’était ça, n’est-ce pas ?, ta volonté : faire des étoiles et des astres les notes et la mélodie de ton cœur.

La lame du poète effleurait ton cœur. L’âme de l’assassin, tu la connaissais. Cette réunion, ô combien périlleuse, tu ne lui as trouvée qu’une seule issue. Nos poètes sont assassinés ! Ce procès se tiendra-t-il un jour ? L’entends-tu ? C’est le chant de la feuille caressée par le vent. C’est un haïku. Les premières lueurs de l’aube, avec ses promesses de recommencement, tu les as regardées en face, et tu as décidé d’abaisser le rideau de la nuit en plein jour.

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