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Griffes scripturaires

Griffes Scripturaires


Hymnus : jour de la lune

Publié le 27 Octobre 2022, 19:17pm

Rassemble l’équipe. C’est ce soir que l’on va agir.
Ok, Joe.


Joe, assis à son bureau, réfléchissait aux derniers détails de l’opération préparée depuis des semaines. Il repassait en boucle le film des préparatifs. Il saisit le téléphone posé sur son bureau :


Allo, Barry ?
Ouais.
J’ai oublié de te dire : fais venir aussi Mago.
Mago ? Mais je pensais que tu voulais pas qu’il fasse partie de l’équipe…
Laisse béton, cherche pas à comprendre. S’il te plaît, Barry, amène-le.
Ok, Joe.


Joe, depuis une semaine, chaque jour, répétait en lui l’opération.


Ce casse va changer nos vies. J’ai fait l’inventaire de toute ma vie passée et j’ai décidé de prendre ce gros risque.


Il arrivait à Joe de se parler à lui-même lorsqu’il était seul et qu’il avait à débrouiller les fils de son encéphale : cette pelote de pensers confus, magma grouillant mêlant images, sons, odeurs, concepts, langage, il tentait de la dérouler par un dialogue avec lui-même.


Le vol est un art, et tout préparer est nécessaire. Pourtant, je sais, je le vois, ma préparation n’est là que pour pourvoir l’imprévisible.


Joe alluma une cigarette JPS.


Si l’opération est un succès, je n’aurai plus besoin de vivre comme je le fais. Que ferai-je ? m’allonger sur la sable chaud des Caraïbes, mais pas sous les cocotiers. Et Mago… pourquoi l’ai-je fait venir ? J’ai pesé le pour et le contre, mis en balance les avantages et les inconvénients, il ne faut surtout pas qu’il intervienne avec nous. Sa grande qualité, qui nous aurait été nécessaire, est empoisonnée par un défaut plus grand encore. Je ne sais pas… Je sens qu’il doit être là avant que l’opération soit lancée. Mago a toujours eu un côté sorcier, faisons en sorte que le surnaturel soit de notre côté.


Une longue expiration de fumée en forme de baliste sortit de sa bouche. Il prit une autre bouffée et s’amusa à la ressortir comme un dragon par les naseaux.


Je suis le diabolo ! Il rit aux éclats.


Barry prit sa Renault Trafic. Il devait se rendre chez Klane. Il toqua à la porte de sa maison. Klane ouvrit la porte, en calbar et les cheveux en pétard.
Habille-toi. Achilles est lancé.
Remontés dans la fourgonnette, Barry informa Klane :


Joe m’inquiète. Je l’ai jamais vu comme ça. Il a la tête qui tourne, te rends-tu compte ?
Tu exagères.
Non, j’exagère pas. Je ne l’ai jamais vu aussi nerveux. Toute la journée il reste assis à son bureau en train de dieu sait quoi.
Tu connais la blague de l’alligator ?
Ta gueule !


Joe s’était levé de son bureau et tournait en rond. Il patientait. D’un geste brusque il saisit de nouveau son téléphone
Barry, ramène-moi Mago tout de suite.
Mais j’suis sur l’chemin de Kalinago.
Pas grave. Va chercher Mago et dépose-le moi puis continue d’aller me chercher les autres.
Tu vois, Klane. Il m’avait juré que Mago n’en serait pas et, au dernier moment, il décide l’inverse. Il avait jamais fait ça. Quand il disait à Mago que sur cette mission sa présence n’était pas souhaitable, Mago avait toujours respecté sa décision et Joe n’était jamais revenu sur sa décision. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a dans l’crâne, Joe?
Tu en fais des caisses. Mago n’a jamais dépassé les bornes. Il a toujours été très utile aux missions précédentes. Il a résolu quelques casses que nous étions incapables d’accomplir seuls. S’il estime qu’on a besoin de lui, alors soit. Joe ne s’est pas trompé chaque fois qu’il a fait appel à lui.
Ils arrivèrent devant la baraque de Mago.
Vas-y toi, Klane.
Klane appuya sur le bouton de la sonnette. Mago ouvrit, un sourire aux lèvres, et dit : « Enfin vous me sortez de mon ergastule. »
Comment le savais-tu ?
Bah Joe m’a appelé.
Joe tournait, tournait.
Le joyau de Cassenane. Nul ne l’avait vu. Il avait pourtant la réputation d’être le plus beau joyau de ce monde. Joe, plein de nervosité, sondait celui-ci du mieux qu’il le pût. Il n’en revenait pas. Il pouvait dérober Cassenane. Sa carrière de voleur finirait en feu d’artifices.


Mago entra sans frapper dans le bureau de Barry.
Salutation.
Ecourtons les formalités.
Tu stresses, Joe ?
J’ai un mauvais pressentiment. J’ai l’impression que si je ne t’embarque pas avec nous, on échoue.
Pas de souci, Joe.
Pourquoi, Mago ? Pourquoi ai-je besoin de toi ?
Tu sais bien. La sorcellerie peut être utile, pour un envoûtement ou deux.
Peux-tu m’assurer que nous réussirons ?
Je n’assure rien. Mon jeu à moi relève du hasard et du réalisé.
Que te dit ton dieu ?
Dieu craint (p.p.).


Barry entra dans le bureau, suivi de Klane, de Kalinago – brun, 1m80, large d’épaules, 45 ans –, de Taïma la crocheteuse – 1m65, large de hanche – ; Ezko fermait le cortège.
Tu as fait venir Ezko, Joe? s’indigna Mago
Salut, Mago posa Ezko
Pourquoi l’as-tu fait venir si tu fais appel à moi ?
Du calme, Mago. Bon les gars, sortez deux minutes. Faut qu’on discute encore un peu lui et moi…
La fine équipe sortit, un peu bougonne, à l’exception d’Ezko.
Toi aussi, Ezko.
Non, je suis le seul à qui tu ne peux me dire quoi faire. Et c’est précisément parce que je suis comme ça que tu m’as choisi pour cet ultime casse. Si vous voulez parler de moi, faites-le, mais en ma présence. Ca me permettra d’entendre quelles sornettes vous lancez à mon encontre.
Sors, Ezko de malheur. Tu ne crois à rien d’autre qu’à tes lingots. Joe, c’est n’importe quoi cette opération. Je croyais qu’on faisait ça sérieusement. C’est pas un jeu, Joe. On risque gros et avec Ezko tout peut arriver, le meilleur comme le pire.
Vieux sorcier, pourquoi crains-tu le pire et n’espères-tu pas le meilleur ? attaqua Ezko
Arrête tes salades, je te connais très bien, toi et tes fausses propositions.
Arrête, Mago. Ecoute : c’est un gros risque, je te l’accorde… mais imagine la situation : tu sais comme moi qu’Ezko a des dons qui nous ont déjà sortis du pétrin. Il a parfois été la main qui a agit comme il faut, au bon moment. Mago, je te veux avec nous et je doute que les autres soient d’accord mais j’essaye de voir la réalité : nous avons besoin de toi et nous avons besoin de lui.
C’est toi le chef. Je n’approuve pas ta décision et je t’aurai prévenu. Désormais advienne que pourra.
Bien. Appelez l’équipe.


De nouveau la fine équipe, au complet, était là à attendre que Joe prononce les derniers mots avant le top départ.
Mes amis, Achilles est lancé. Vous le savez : nous avons sept jours pour accomplir cette tâche ou il nous faudra abandonner tout désir de s’emparer du joyau de Cassenane. La banque Hymnus est si sûre de ses sécurités qu’elle permet aux voleurs de grand vol de tenter l’impossible. Notre tâche est d’accomplir l’impossible – vous entendez ? L’impossible. Peut-être y laisserons-nous nos vies. Nous avons décidé de prendre ce risque. Nous aurions pu continuer peut-être encore un certain temps nos vols de petite envergure, mais je sais que vous désirez comme moi le faire. C’est pourquoi je vous ai choisis. Si nous accomplissons l’impossible alors nous prouverons que c’était en réalité in possibile. Enfin, j’ai une dernière chose à vous dire : on dit que le joyau de Cassenane n’est pas sans effet sur les hommes, qu’il crée une fascination qui fait perdre la raison et les pousse à des gestes inconsidérés. Il nous faudra affronter cette ultime épreuve.
Yep, dit Mago. Il toisa Ezko.
Finissez vos préparatifs, nous nous rendrons à minuit devant Hymnus.
 

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